Pêche du bar dans le golfe de Gascogne : Les ligneurs ne paieront pas les pots cassés

ligneurs en danger

Fin novembre 2018, nous avons dû subir une limitation drastique à 50 kg de bar par navire et par jour jusqu’à ce que la pêcherie soit fermée en pleine période –cruciale -des fêtes de fin d’année. Ces mesures ont été d’autant plus mal vécues par les pêcheurs que dès le 1er janvier 2019 la pêche a été rouverte intégralement, permettant à certains navires de débarquer plusieurs tonnes de bar par jour !
Par ce communiqué, les ligneurs tiennent à affirmer qu’il n’est pas question pour eux de se voir imposer les mêmes mesures qu’en 2018. Et de payer les pots cassés de ceux qui pratiquent la surpêche en hiver, ainsi que de ceux qui ont largement fraudé, que ce soit cette année comme en 2018.

La surpêche en hiver est responsable de cette situation

Alors qu’on nous avait promis que le scénario de 2018 ne se rejouerait pas, cet hiver encore de nombreux navires ont pêché le bar en période de reproduction, avec des débarquements d’un niveau équivalent, voire supérieur, à ceux de 2018. Il est maintenant inéluctable que le plafond de capture de bar dans le golfe de Gascogne (2140 tonnes) sera atteint bien avant la fin de l’année, portant préjudice, encore une fois, à ceux qui pêchent le bar de la manière la plus écologique. L’administration comme les instances professionnelles sont restées sourdes à nos messages d’alerte que nous avons lancés dès la fin du printemps…. Encore une fois, on attend d’être au pied du mur pour réagir

Le bar est l’espèce emblématique du métier de ligneur, et ce depuis des décennies. Cette espèce est celle qui a donné ses lettres de noblesse à ce métier et de très nombreux pêcheurs en dépendent pour leur survie, à la différence de tous les autres métiers. C’est de cet enjeu dont il est question ici !

Une gestion en décalage complet avec la réalité du terrain…

Le « stock » de bar du golfe de Gascogne n’est soumis à une gestion « efficace » que depuis 2017, avec l’instauration d’un plafond de captures professionnelles de 2490 tonnes, diminué ensuite à 2240 tonnes en 2018 puis 2140 tonnes en 2019. Le système de licence, lui, est en décalage complet avec la réalité de la pêcherie : près de 550 licences ont été distribuées dans le golfe de Gascogne, ce qui correspond à une capacité de capture bien supérieure au plafond autorisé !! Et cela sans compter les débarques des hors licences.

Corollaire malheureux et récurrent de ce mode de gestion : il faut pêcher le plus possible avant tout le monde et surtout avant que la pêche soit fermée… autrement dit la course au poisson pratiquée chaque hiver et dès le début de l’automne par des pêcheurs peu scrupuleux afin « d’anticiper » la fermeture de la pêcherie.

Ce système est d’autant plus aberrant que les navires peuvent cumuler plusieurs licences pour différents engins : un chalutier peut ainsi cumuler une licence pour le chalut et pour la ligne, qu’il ne pratiquera probablement jamais… autrement dit un passeport pour la fraude.

Depuis une dizaine d’années on assiste à une ruée vers le bar de la part de navires qui ne le ciblaient pas auparavant, c’est le cas notamment du filet pêche-tout et de la senne danoise. Songez qu’un senneur peut littéralement vider une zone de plusieurs km² en quelques heures, capturant indistinctement juvéniles ou adultes, engendrant des niveaux de rejets très importants, le tout au détriment du reste de l’ensemble de la flotte de pêche et bien sûr, de la biodiversité dont nous dépendons tous. Ou encore que des navires pratiquent ce qu’on appelle « l’écrémage », qui consiste à capturer plusieurs tonnes de bar, pour ne garder que les plus gros, et rejeter le reste à l’eau, morts

A faire évoluer de toute urgence.

Il est temps que les représentants de l’Etat et des pêcheurs arrêtent l’hypocrisie. Quel est l’intérêt de pêcher par centaines de tonnes en hiver du bar de très mauvaise qualité, vendu à des prix dérisoires et d’en interdire la pêche en fin d’année quand les prix sont au plus haut, sinon pour protéger les intérêts d’une filière aux pratiques non durables !

A défaut d’interdire la pêche ciblée du bar durant son frai en février et mars comme nous le revendiquons depuis des années ou bien de ne faire démarrer le décompte du plafond qu’à partir d’avril comme cela nous avait été promis, alors renversons, pour une fois, les rôles et limitons les captures de bar à 50 kg par navire et par jour durant les 3 premiers mois de l’année.

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