Lomic n’est plus. Il faudra tenir bon les gars pour que dans un futur lointain, des années d’ici, un jeune, un jeune marin pêcheur puisse appeler son bateau – Liberté –
Mon Père me demandait de temps en temps des nouvelles de Guillaume. Alors je lui disais Lomic est marié, avec Françoise, une fille de l’île de SEIN. « Ah, c’est bien » disait mon père, il était content. D’autre fois, je lui disais « Lomic est président des ligneurs de bars » ou « il a un bateau neuf qui s’appelle Liberté »
Mon père disait toujours c’est bien et était content d’avoir des nouvelles de Guillaume qu’il avait connu mousse à l’Ecole de Pêche de CONCARNEAU ou il travaillait. IL avait beaucoup de sympathie pour ce mousse qui, avant d’aller en formation à l’école de pêche, était déjà imprégné de la culture des gens de la côte.
Guillaume avait regardé et écouté les anciens, leurs histoires, leurs anecdotes et leurs façons de faire. Touts ces mots et ces gestes qui font que quand il disait « je vais à l’Ile », je sentait derrière ce mot la réalité du vécu de plusieurs générations de gens de la côte.
Guillaume avait appelé son bateau «Liberté », ce mot qui à la pointe de la Bretagne a plus d’écho qu’ailleurs en France.
Il était militant et défendait ce métier de marin pêcheur qu’il connaissait si bien : chalut, filet, casier, ligne. Ce savoir faire mis au point par des générations d’hommes de mer et qui relie ceux d’aujourd’hui aux premiers hommes de la planète. Ce lien attaqué de toute part par d’autres défendant des intérêts financiers qui ne sont ni les nôtres ni ceux de nos enfants.
Aller en mer avec un marin pêcheur ce n’est pas qu’une partie de pêche, c’est surtout approcher cette culture qui nous rapproche à notre passé.
Edouard Michelin qui accompagnait ce jour là Guillaume a fait ce choix qui me le rend sympathique lui et sa famille à qui j’exprime mes sincères condoléances.
Lomic n’est plus. Il faudra tenir bon les gars pour que dans un futur lointain, des années d’ici, un jeune, un jeune marin pêcheur puisse appeler son bateau – Liberté –
Philippe DERU