COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Le 1er décembre 2023
Avis de moratoire sur la pêche du lieu jaune : les ligneurs se mobilisent
A 10 jours du Conseil des ministres de l’Union Européenne, les pêcheurs dont l’activité dépend crucialement d’une espèce, le lieu jaune, sont toujours dans l’inconnu quant au sort qui leur est réservé.
Longtemps hors des radars de la recherche halieutique, le lieu jaune était une espèce « annexe », sous quota « fictif », car les quotas étaient très largement supérieurs aux captures, sans aucun effet sur le stock donc…
Nos ligneurs étaient pourtant conscient que la situation du lieu jaune empirait année après année. Les tailles des poissons qui diminuent, les rendements qui baissent, et les coins de pêche qui se dépeuplent sont autant de signes avant-coureurs, malheureusement trop bien connus, d’un stock qui va mal.
C’était le cas du bar en 2015, et maintenant celui du lieu jaune, pour lequel le CIEM (Conseil International pour l’Exploration des Mers), organisme chargé de délivrer les avis scientifiques pour les ressources halieutiques de l’Union Européenne, a recommandé un moratoire dans la zone Nord (au nord du port de pêche d’Audierne). Et ce sont les mêmes pêcheurs qui sont menacés, encore une fois.
Les ligneurs directement menacés de disparition se mobilisent
De nombreux ligneurs dépendent directement de cette espèce qui représente jusqu’à plus de 90% de leur chiffre d’affaires annuel. Autant dire qu’un moratoire représenterait pour eux une faillite assurée. Cette perspective est d’autant plus sombre que plusieurs d’entre eux ont récemment investi dans des navires neufs, signe de leur confiance dans les atouts de leur métier.
Car la ligne est un métier irréprochable, qui n’occasionne que peu d’impacts sur les fonds marins, peu de prises accessoires, peu de consommation de carburant et offre un poisson de qualité irréprochable et très bien valorisé. Le pêcheur du futur, sobre et écologique, serait-il condamné à disparaitre alors qu’on semble se donner tant de mal à imaginer un futur pour la flotte de pêche française ? Ne serait-ce pas un peu … dommage ?
Mais les ligneurs ne baissent pas les bras, et ils se sont réunis en nombre, ce vendredi 1er décembre, en compagnie du député Didier le Gac, des adjoints des mairies de Lanildut et Roscoff et des chefs cuisiniers Loïc le Bail et Patrick Jeffroy pour défendre leur avenir.
Des propositions concrètes
Pour les ligneurs, les règles qui prévalaient jusqu’à maintenant doivent changer. Au vu de l’urgence de la situation, les ligneurs souhaitent que des mesures fortes pour sauver le lieu jaune et les ligneurs soient décidées. Pour eux, ces mesures doivent s’inspirer de celles mises en place sur le bar :
- Mise en place d’un moratoire avec une dérogation et un plafond annuel individuel pour les ligneurs
- Limitation de la plaisance à l’image de celle appliquée pour le bar
- Augmentation de la taille minimale à 40 cm
- Mise en place d’un repos biologique entre janvier et mars
Et le golfe de Gascogne
La situation du lieu jaune dans le golfe de Gascogne doit être considérée maintenant avec la plus grande prudence. Ici aussi les captures sont en diminution constante depuis de nombreuses années, et ont quasiment été divisées par deux en l’espace de 10 ans, passant d’environ 2000 tonnes à 1000 tonnes en 2022. Il semble maintenant indispensable d’arrêter de mépriser les recommandations du CIEM de ne pas dépasser 872 tonnes de captures totales en 2024.