Ce mardi 1er octobre, les patrons et équipages d’une vingtaine de petits métiers de Concarneau et du Guilvinec s’étaient regroupés sur une dizaine de bateaux pour faire route sur le port de Concarneau : motif de la grogne, une fois de plus les pêches ciblées de bar par les bolincheurs.
En effet, ces dernières semaines, quelques bolincheurs se sont livrés à une traque systématique du bar, et les apports journaliers sous criée approchaient régulièrement les 5 tonnes.
Il s’agit là d’un changement radical de stratégie de la part de ces navires, probablement lié au passage sous statut d’armement « industriel » à capitaux étrangers de ces quelques bateaux à l’origine artisans. Il y a bien eu par le passé quelques captures accidentelles de bar ou de dorade qui ont pû défrayer la chronique, mais il s’agit cette fois de tout autre chose et d’une volonté délibérée de pêcher spécifiquement cette espèce convoitée.
Le comble dans cette affaire est que ces armateurs s’appuyent sur des textes précisément destinés à encadrer ces pêches accidentelles pour se livrer à leurs méfaits : en effet, en décidant de limiter à 3 tonnes les quelques captures accidentelles de bar que réalisaient chaque année la flotille de bolincheur par le passé, l’organisation professionnelle a finalement donné un blanc seing à ceux-ci pour aller pêcher 3 tonnes de bar tous les jours!
D’autant plus surprenant que ces bateaux revendiquent une pêche responsable et affichent haut et fort leur ecolabel MSC (Marine Stewardship Council)!
Il y a fort à craindre que d’autres bolincheurs suivent ce triste exemple, et il convient de rappeller que profitant d’un vide juridique au niveau des règlements européens, ces bateaux peuvent utiliser n’importe quel type de maillage jusqu’au zéro des cartes : les règlements de maillages qui encadrent les autres métiers se déclinent en effet en distinguant engins trainés et engins fixes, et par une bizarrerie administrative, la senne tournante n’est considérée ni comme fixe ni comme trainée.
On imagine aisément les conséquences sur les stocks de juvéniles très présents dans la proche bande cotière si d’autres pêcheurs jusque là responsables, rejoignaient le camp de ces opérateurs préoccupés de leur seul profit immédiat et dont on sait qu’une fois cette ressource mise à plat il n’auront aucun soucis à redéployer leur effort de pêche dans d’autres régions d’Europe ou du monde.
Tout ça au moment où les niveaux de stock de cette espèce bar donnent des signes inquiétants d’effondrement, et alors même que la toute nouvelle licence de pêche au bar mise en place au niveau national en a dispensé ces navires au motif qu’ils ne menaient pas de pêche ciblée sur le bar!
Pour l’instant, l’organisation professionnelle campe sur ses positions, considérant que tout ce qui n’est pas interdit est autorisé : les petits métiers réclament une réécriture du cadre règlementaire, considérant que l’esprit de ces accords a été bafoué.
L’aritcle du Télégramme