Gestion du bar, du lieu jaune, du chalut… : où va la gestion des pêches ?

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Le 16 mars 2023

 

A partir du 15 mars, fin de la période de repos biologique volontaire de l’association, les ligneurs adhérents travaillant dans le golfe de Gascogne reprendront la mer pour y rechercher leur principale espèce cible : le bar. Non sans inquiétude.

En effet, l’année 2022 était pour la plupart d’entre eux la pire qu’ils aient jamais connu de toute leur carrière. Un bilan désastreux partagé avec d’autres flottilles : le bilan de la pêcherie de bar dans le golfe de Gascogne est de 1851 tonnes soit 76 % du plafond de captures autorisées (2446 tonnes).

Comment expliquer un si mauvais bilan alors que les règles de gestion ont été assouplies depuis quelques années : augmentation du plafond de captures national, limite trimestrielle au premier trimestre, augmentation du plafond des hors licence… ? En résumé, plus la pêche est mauvaise et plus on assouplit les règles… Les bases de la gestion des pêches « à l’ancienne » qui a mené la filière dans le mur à la fin du siècle !

Alors faute de bars, il fallait bien se reporter sur d’autres espèces : le lieu jaune, le pagre. Mais la situation du lieu jaune semble encore pire que celle du bar ! Tous les pêcheurs sont unanimes, la ressource de lieu jaune a diminué très fortement, et on retrouve les mêmes ingrédients que pour le bar : connaissances scientifiques insuffisantes, mesures de gestion quasi-inexistantes, taille minimale inférieure à la taille de maturité sexuelle, pêche intensive en période hivernale, pêche de plaisance non limitée, quasi-disparition des gros individus, etc… En 2021 dans le golfe de Gascogne, la France a débarqué 600 tonnes de lieu jaune pour un quota de pêche de 1200 tonnes, obtenu de « haute lutte » par le ministère de la (sur)pêche… Cherchez l’erreur !

L’année 2023 ne commence donc pas sous les meilleurs auspices… pour les ligneurs comme pour tout le reste de la flottille, et notamment les chalutiers côtiers qui se voient menacés d’une interdiction dans les Aires Marines Protégées à partir de 2030. Ces dernières, et notamment les zones Natura 2000, représentent une part très importante de la zone côtière, et de nombreux navires y travaillent sans aucune mesure de restriction depuis plusieurs décennies. On souhaite donc passer brutalement d’une situation décriée par les écologistes où tout est permis ou presque, à une situation qui terrasserait toute la filière pêche bretonne… Pourrait-on à un moment retrouver la raison !

Oui, la pêche doit encore progresser pour qu’on puisse enfin retrouver un océan en meilleure santé, mais il faut également tenir compte des enjeux socio-économiques avant de définir des dates et des mesures couperets avec des impacts aussi forts : la pêche est un socio-écosystème avec de nombreuses interdépendances entre acteurs : criées, mareyage, chantiers navals et équipements etc. Nous avons perdu trop de bateaux et de marins depuis trop longtemps, le tout au bénéfice d’une pêche de plus en plus intensive ou industrielle. Appliquer une telle mesure, c’est le jackpot pour la pêche industrielle !

Par ailleurs, nous-mêmes pourrions être interdits de pêcher le lançon qui nous sert d’appât avec nos petits chaluts à lançons, sur les dunes sous-marines situées dans les zones concernées. Il est primordial de mieux protéger l’environnement marin, mais cela ne peut pas se faire en sacrifiant la majeure partie de notre filière.