L’étiquette du poisson de ligne

Article publié dans l’Express du 13/09/2004

Connaître d’un simple clic sur Internet le pêcheur qui a rapporté le poisson qui est dans votre assiette? Ce sera possible en 2005 si la bête que vous vous apprêtez à déguster porte l’étiquette des Ligneurs de la pointe de Bretagne. Créée en 1993 par une poignée de pêcheurs du pays bigouden et du cap Sizun, cette association est née des fortes turbulences qui ont touché la pêche au début des années 1990. «Les marins qui vivaient du bar pêché à la ligne ont vu les prix baisser de 20%», raconte Gilles Bernard, secrétaire général de l’association. En cause: le bar d’élevage, qui trustait progressivement tous les étals.

Jusque-là, Capistes et Bigoudens avaient plutôt l’habitude de se disputer les zones de pêche. Mais, face aux difficultés, ils se sont parlé, puis ont réfléchi ensemble. De là est née l’idée d’une étiquette «Bar de ligne-Pointe de Bretagne», assortie du nom du bateau et vendue 10 centimes d’euro aux marins. Un marquage qui permet de distinguer facilement le poisson d’élevage du poisson pêché à la ligne – technique synonyme de fraîcheur et de qualité, autorisant des tarifs plus élevés. «Il a fallu du temps pour que le marché réagisse, se souvient Gilles Bernard. Nous avons connu une vraie période de battement de trois ans.»

Aujourd’hui, des mareyeurs et d’importants clients, comme Carrefour, exigent la fameuse étiquette. En 2003, près de 320 000 bars de ligne, pêchés par les 160 adhérents, ont été ainsi labellisés. Et, surtout, les prix sont remontés à environ 15 euros le kilo, tandis que ceux du bar d’élevage chutaient à moins de 6.

Depuis deux ans, l’association a étendu son marquage au lieu jaune et à la daurade, avec le même succès. Surfant sur la vague de la traçabilité, les ligneurs vont pousser encore plus loin leur démarche. D’ici au début de 2005, un site Internet permettra aux consommateurs d’obtenir, à partir de l’étiquette, un certain nombre d’informations concernant leur poisson: «Ils pourront découvrir le pêcheur, son bateau, le lieu de pêche, le port de débarquement, etc., précise Gilles Bernard. La démarche vise à rassurer, mais aussi à valoriser le poisson de ligne qui reste un achat d’exception.»