La surpêche : c’est quoi?

Très bel article de Alain le Sann de l’association « Pêche et Développement » dans l’Encre de Mer, à lire absolument pour ceux qui voudraient voir plus clair dans cette notion complexe.

Alain Le Sann, s’appuyant sur les travaux de Ray Hylborn chercheur américain de renom, nous offre l’occasion d’y voir un peu plus clair en distinguant surpêche au sens biologique du terme (celle qui menace là terme les stocks d’effondrement) et la surpêche au sens économique du terme (celle qui conduit les entreprises de pêche à ne plus pouvoir répondre à leurs impératifs d’équilibre financier).

Cette approche apporte un éclairage particulier à la situation que connaissent les pêcheries pratiquées par les bateaux de petite pêche traditionnelle. En effet, appréhendée ainsi, le concept de surpêche permet de comprendre comment pour une même espèce, ces acteurs peuvent crier leur indignation face à une dégradation des niveaux de ressources qui ne leur permet plus de retirer de leurs activités un revenu à la hauteur des efforts consentis, alors qu’au même moment d’autres acteurs de la pêche productiviste vont clamer haut et fort que tout va bien et qu’il faut les laisser, en toute quiétude, poursuivre leur « petit meurtre entre amis ».

C’est le cas très clairement pour le bar qui met en compétition des pêcheurs traditionnels, armés de leur seul ligne armée de quelques hameçons et des chalutiers pélagiques bardés d’électronique et d’une puissance de pêche démesurée opérant sur les frayères. C’est le cas également pour de nombreuses espèces, le rouget barbet malmené par la senne danoise, la sole menacée par les grands filets, le lieu jaune par les pêches ciblées sur frayères. 

L’explication en est à rechercher du côté des innovations technologiques : chaque innovation, en profitant à une flottile et pas aux autres, génère une discrimination rapidement fatale aux acteurs les plus faibles dans un contexte de ressource par définition limité. Capacité de détection, performance des trains de pêche, puissance de traction, ou techniques novatrices telles que pêche électrique ou senne danoise profite bien évidemment aux acteurs de la pêche productiviste bien plus qu’à ceux de la pêche traditionnelle.

A ce jeu de chaises musicales, la petite pêche traditionnelle a bien peu de chance de « durer », et faute d’une politique des pêches volontariste qui mette en place des protections efficaces pour une activité privilégiée des acteurs de petite pêche traditionnelle dans la bande côtière, nous risquons fort de voir ces acteurs, pourtant essentiels dans la dynamique des territoires côtiers, disparaitre à brève échéance.  

Lire l’article de Alain Le Sann dans sa totalité dans l’Encre de mer

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