Pêche du bar en 2021 : le retour des vieux démons de la surpêche

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Le 7 décembre 2020

L’année 2020 a été éprouvante, et c’est malheureusement loin d’être terminé. Pendant que tout le monde a les yeux rivés sur le Brexit, le bar lui ne connait aucun répit, ni en 2020 et certainement pas en 2021.

Le Comité National des Pêches Maritimes (CNPM) propose ainsi de passer d’un plafond mensuel à un plafond trimestriel de capture du bar pour le premier trimestre 2021. Bien qu’elle paraisse anecdotique, cette mesure, en favorisant sa pêche ciblée sur les frayères, constitue un retour en arrière qui n’est pas souhaitable.

Le bar est une espèce d’une importance majeure, qui attise les appétits de nombreux pêcheurs, souvent plus soucieux d’en capturer le plus possible, le plus rapidement possible. Et c’est durant la période de reproduction que cette surpêche du bar est possible, alors que les poissons sont regroupés et extrêmement vulnérables. Un modèle de pêche à l’opposé de celle que pratiquent les ligneurs qui, au contraire, cherchent à vivre de cette espèce tout au long de l’année, et donc en capturent de petites quantités (plusieurs dizaines de kilos) à chaque sortie qu’ils valorisent le mieux possible.

Depuis notre création, nous demandons une gestion des pêches écologique et SOCIALE. Faire en sorte que ceux qui dépendent le plus d’une ressource, tout en ayant le plus fort taux d’emploi, puissent voir leur activité préservée. Depuis 2007, notre association revendique comme mesure phare le repos biologique et l’impose à tous ses adhérents. Laisser le poisson se reproduire, au moins durant les quelques semaines de son pic de reproduction, pour ensuite pouvoir en recueillir les fruits… Hélas, cette logique se heurte depuis toujours à l’avidité des uns et à la logique politicienne des autres. Pêcher, pêcher… jusqu’à la rupture. Voici le modèle de pêche durable défendu, et labellisé même, par l’Etat.

Dans la Manche, ce modèle a conduit au pire. Le bar a été décimé, et les responsables s’en lavent encore les mains. Dans le golfe de Gascogne, nos alertes permanentes sont restées vaines, et le plafond de capture décidé en 2017, n’a fait que diminuer les années suivantes. Les mesures de gestion du bar décidées pour 2020 sont les plus ambitieuses qui aient jamais été décidées sur cette zone. Et bien même avec la situation exceptionnelle de la crise sanitaire actuelle, le plafond de capture de bar risque d’être atteint d’ici la fin de l’année.

Pire encore, le CNPM prépare sans aucune communication vis-à-vis des pêcheurs une réforme de la licence bar visant à supprimer la référence au métier pratiqué. Si le besoin de simplification peut se comprendre, nous y voyons nous surtout le besoin pour certains métiers d’augmenter leur effort de pêche de façon plus légale que par le passé !

L’avis scientifique sur le stock de bar dans le golfe de Gascogne pour 2021 fait état d’un stock en bonne santé et recommande que les captures totales ne dépassent pas 3 100 tonnes, pêche récréative incluse. Si ces annonces sont positives, voir réapparaitre aussi vite les vieux démons de la surpêche du bar en hiver est beaucoup moins positif… NON ! Etant donné la situation sensible du bar et les multiples enjeux qui y sont associés, assouplir le cadre de gestion ne nous semble vraiment pas opportun.

De nombreux pêcheurs et spécialistes de la pêche affirment souvent que « c’est lorsque le stock est en bon état qu’il faut imposer des mesures de gestion fortes ». Alors oui, alors que pour la première fois depuis bien longtemps des signes positifs réapparaissent, c’est l’occasion de mettre en œuvre cet adage. Adoptons un plafond de capture précautionneux, respectons le bar durant sa période de frai, il y a là en jeu non seulement l’image de notre métier mais aussi son avenir.

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