Depuis 2017 la pêche professionnelle du bar dans le golfe de Gascogne est soumise à un plafond annuel de capture, fixé pour l’année 2018, à 2 240 tonnes. Au 22 novembre 2018, il ne restait plus que 200 tonnes à pêcher soit 10% du total. Avant une fermeture totale de la pêcherie qui interviendra inéluctablement à un moment crucial de l’année, les fêtes de fin d’année, les débarquements sont limités à 50 kg par jour et par navire à partir du 28 novembre, quel que soit leur métier, leur dépendance au bar ou leur taille… que ces navires aient pêché 100 kg, 10 tonnes ou près de 20 tonnes de bar…
Attendre d’être au pied du mur… ou la pêche « responsable » vue par la Direction des pêches et le Comité National des Pêches…
Cette situation n’est malheureusement pas surprenante car elle ne fait que refléter le fonctionnement totalement anachronique de la gestion des pêches en France. En synthèse, on laisse les plus gros bateaux pêcher massivement en début d’année, quitte à ce que les plus petits ne récupèrent que les miettes, et on ferme le quota avant la fin de l’année. Ces mesures qui ne font que favoriser les plus gros pêcheurs qui déciment les frayères de bar doivent être révisées urgemment.
En novembre 2016, nous dénoncions déjà les conséquences dramatiques de ce mode de gestion :
- Course au poisson réalisée par les chalutiers, senneurs et fileyeurs qui ciblent le bar en période hivernale
- Et en conséquence, une fermeture anticipée de la pêche impactant principalement les ligneurs qui dépendent fortement du bar
- Les mesures instaurées en 2017 (limite annuelle et taille minimale à 38 cm) n’étaient pas suffisantes pour restaurer le stock de bar
Dès la fin de cet hiver, alors que les chalutiers, fileyeurs et senneurs avaient déjà débarqué 844 tonnes en seulement 3 mois, nous pouvions nous attendre à une fin d’année très difficile ! Alors que des mesures auraient dû être prises dès cet été afin de préserver les navires les plus dépendants du bar, l’Administration et le Comité National des Pêches (CNPM) ont attendu le dernier moment pour agir.
La surpêche réalisée durant l’hiver par les navires ciblant le bar sur frayères est la seule et unique responsable de cette situation intolérable. En encourageant cette pratique irresponsable, l’Etat, le CNPM et l’ensemble des instances représentatives sont doublement coupables : coupable de la destruction de la ressource de bar et coupable de l’anéantissement de la flottille de ligneurs et de petits pêcheurs qui dépendent fortement de cette espèce !
Les ligneurs n’accepteront pas cette mesure : en s’appliquant à tous les navires indistinctement, elle pénalise gravement ceux qui en dépendent le plus fortement. Pour un très grand nombre de ligneurs, la pêche du bar n’est plus rentable avec 50kg de plafond journalier, et ce d’autant plus qu’avec le mauvais temps, le nombre de sorties est fortement réduit à cette période de l’année. Afin d’éviter une fin d’année dramatique pour de nombreux navires, nous demandons qu’à partir du 28 novembre, seuls les ligneurs soient autorisés à cibler le bar, avec un plafond à 100 kg par jour et par navire.
Nous appelons l’ensemble des responsables politiques français et européens, ainsi que la Commission Européenne à ouvrir les yeux sur l’incapacité de l’administration et du CNPM à gérer durablement la ressource de bar dans leurs eaux ! Encore une fois les mesures défendues par ces derniers se révèlent largement insuffisantes et portent un tort considérable aux flottilles de petite pêche côtière. Encore une fois, la Politique Commune des Pêches et ses dispositions censées favoriser les pêcheurs à petite échelle sont foulées au pied !
Par ailleurs, le dernier avis scientifique sur la situation du bar dans le golfe de Gascogne fait état d’un stock en déclin et qui appelle des mesures de gestion bien plus fortes que celles prises jusqu’à maintenant. Afin d’éviter le pire, nous renouvelons auprès de l’UNION EUROPEENNE notre demande ESSENTIELLE d’un repos biologique intégral pour le bar en FEVRIER et MARS. En limitant drastiquement la surpêche durant la période de reproduction, cette mesure sera bénéfique pour le bar et pour l’ensemble des métiers qui en vivent, en évitant, peut-être, un moratoire tel que celui appliqué depuis 2016 en ZONE NORD.
Par ailleurs, nous demandons que la taille minimale du bar ne soit pas augmentée à 42 cm, ce qui mettrait en péril l’équilibre économique de nombreux navires.
Et pendant ce temps, en Zone Nord, le CNPM demande une « adaptation des mesures de gestion »…
En parallèle, la Commission Européenne publiait le 7 novembre ses propositions pour les possibilités de pêche en 2019, avec, pour le bar, un maintien global des mesures de gestion appliquées en 2018.
Nous félicitons la Commission Européenne d’avoir proposé pour 2019 une reconduction des mesures de gestion décidées en 2018. En effet, il serait inconcevable d’assouplir les mesures alors que le stock de bar se trouve encore au bord de l’effondrement…
Pour mémoire, le CNPM demande l’application des mesures suivantes pour 2019 :
- Interdiction en février-mars pour les ligneurs et les fileyeurs avec respectivement 6 et 3 tonnes de plafond individuel annuel
- Une autorisation de débarquement de bar fixé à 3% des captures totales/marée et un plafond annualisé à 4,8 t/an
Ces propositions représentent un appel à une augmentation des captures de bar en zone Nord, et ne sont pas acceptables ! Nous relevons d’ailleurs avec stupeur que le CNPM propose de diminuer le « quota » des ligneurs à 6 tonnes alors que la Commission fixe sa proposition à 7 tonnes ! Comment les ligneurs peuvent-ils croire que leur métier est défendu par leurs « représentants » avec de telles propositions ???
Nous appelons l’ensemble des membres du Conseil et de la Commission Européenne à conserver les mesures proposées par cette dernière, au nom de la sauvegarde du bar et de l’ensemble des pêcheurs qui pourront en vivre lorsque le stock sera restauré !