Dossier bolinche : réunion avortée

Interpellé par la manifestation des petits métiers sur Concarneau (retard à l’appareillage d’un bolincheur de l’armement Delhemmes), le Comité Régional des Pêches avait programmé une réunion de concertation pour le 10 octobre, réunion  sensée répondre aux revendications des acteurs de la Petite Pêche.

Sauf que l’organisation professionnelle entendait limiter cette réunion de concertation aux seules associations de ligneurs et de bolincheurs .

Erreur de casting colossale : pourquoi vouloir une fois encore opposer deux corporations au risque de ranimer des antagonismes qu’on croyait oubliés, alors qu’il s’agit du comportement innaceptable d’un armement industriel et de lui seul, face à une communautés de petits métiers, fileyeurs, ligneurs, palangriers, chalutiers,.

Les canots n’en peuvent plus de voir une poignée de bateaux, toujours les mêmes, épuiser unes à unes les ressources qui les font vivrent.

Finis les beaux grisets qui faisaient vivrent nombre de ligneurs et fileyeurs, terminée la pêcherie de mulets noirs des petits métiers, réduits à la portion congrue les stocks de dorades royales et de sars à force de coups de senne sur les frayères, menacés aujourd’hui les rougets barbets incapables d’échapper aux gigantesques sennes danoises., un lointain souvenir les belles pêches de chinchard à queue jaune….

Tout ça sans jamais contrevenir à la règlementation, mais toujours en exploitant les failles d’un dispositif règlementaire forcément perfectible. Une coquille dans le règlement « mesures techniques » européens aura suffit à déclencher un effort de pêche sans précédent sur les stocks de bars mulets et dorades de la bande côtière, et ce avec des mailles de la taille d’un timbre poste déployées jusque sur les plages. Une imprécision dans la rédaction d’un règlement régional visant à traiter le cas de captures accidentelles de bar et grisets, et voilà notre armement qui se lance dans des pêches ciblées de ces espèces…, le reste à l’avenant.

En déployant des innovations technologiques dont la démesure interpelle au regard de la capacité des stocks halieutiques à se régénérer, la pêche industrielle a initié un jeu de chaises musicales jetant hors du métier une part grandissante de petits métiers. Alors que le terme de responsabilité environnementale a perdu toute signification à force d’être accomodé à toutes les sauces, ne serait-il pas temps que le terme de responsabilité sociale prenne enfin place dans les discours?

Dernier avatar de cette course effrènée à l’innovation, le chalut électrique déjà déployé par une quarantaine de navires en Mer du Nord. Un seul projet déclaré en France pour le moment : devinez par qui?

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